Le Palais national d’origine, bâti sur ce site, fut incendié lors d’une révolte en 1869 qui renversa le gouvernement du président Sylvain SALNAVE.Le second Palais national en bas à droite, quant à lui a été détruit en 1912 lors de l’explosion d’une poudrière au niveau du sous-sol. Cette explosion tua le président de l’époque, Cincinnatus LECONTE.

                          

Le quatrième Palais national fut construit en 1914 ET 1921 suivant les plans de Georges Baussan (1874-1958), fils d’un ancien sénateur de la République, cet architecte haïtien, avait étudié à l’école des beaux-arts de Paris. Comme d’autres édifices publics d’Haïti construits à la même époque, le Palais national s’inspire de la tradition de l’architecture classique. Il s’apparente grandement aux structures occidentales symbolisant les lieux de pouvoir qui se sont érigés depuis le XIV siècle, et s’est exprimé en Haïti dès la naissance de la nation.

Conçu pour répondre au climat tropical, les façades du bâtiment sont percées d’ouverture permettant une ventilation croisée destinée à rafraichir les salles. Le bâtiment possédait trois niveaux et son pavillon d’entrée était constitué d’un portique avec quatre colonnes ioniques. La couverture possédait trois dômes percés d’œil de bœuf et d’une vingtaine de chatières permettant ainsi l’air chaud de s’échapper. Afin de renforcer sa mise en scène urbaine, il est entièrement peint en blanc, ce qui lui permet de détacher sa silhouette et son volume dans le centre administratif de Port-au-Prince. 

Construit en béton, il est l’un des tous premiers bâtiments utilisant ce nouveau matériau, qui à l’époque encore, était à ses premiers balbutiements. En conséquence, l’absence de maitrise de ce nouveau système constructif, l’oubli collectif de tous les séismes antérieurs, la nature de terrain, joint à la mauvaise mise en œuvre et le vieillissement prématuré des matériaux constituent des facteurs combinés qui entrainèrent systématiquement la perte de tous les bâtiments à haute valeur architecturale tel :

  • Le Palais national
  • Le Palais de l’économie et des finances
  • Le Palais de Justice
  • Le Palais des ministères
  • Le Grand quartier Général des forces Armées d’Haïti
  • Les Ancienne Casernes Dessalines

 Dès le lendemain, soit le 13 Janvier 2010, L’ISPAN entama plusieurs visites techniques avec différents experts en vue d’évaluer les ruines du palais National. Toutes ces visites n’avaient pour but que de trouver une alternative sûre à la démolition totale du bâtiment, ce qui finalement a débouché sur le parti pris d’une « démolition partielle » à sécuriser et à stabiliser les ruines.

Ainsi donc, Le 9 avril 2010, les bulldozers ont débuté la démolition partielle du bâtiment de 15 000 m², afin d’effectuer des travaux de stabilisation. Faisant suite à un avis favorable de l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (ISPAN), des travaux préliminaires à la reconstruction du palais consistant en la démolition des parties de l’édifice jugées irrécupérables ou dangereux ont débuté le 13 avril 2011 sous la conduite des techniciens du Centre national des équipements (CNE). Seront concernés par ces travaux : l’annexe 1 (ancien mess des officiers de l’armée haïtienne construit dans les années 70), et l’annexe 2, tous deux irrémédiablement endommagées par le séisme du 12 janvier 2010 et ne présentant aucune valeur historique ou symbolique. Le CNE procédera également au cours de cette phase à la démolition des dômes latéraux du Palais également irrécupérables.

Le 6 septembre 2012, les travaux de démolition totale des ruines du palais ont repris, afin de libérer l’espace, d’une reconstruction à l’identique du bâtiment, qui a été annoncé par l’exécutif.

ETAT DES LIEUX & JUSTIFICATIF

Aujourd’hui, Les bureaux de la Présidence sont logés dans les anciens garages du Palais National. Il est inutile de dire qu’en dépit de tous les travaux effectués, il n’en demeure pas moins vrai que ce bâtiment est inadapté et banalise ce lieu de pouvoir malgré les énormes efforts consentis pour le rendre fonctionnel.

 N’ayant nullement été conçu à cette usage, le Président de la République est quotidiennement confronté à l’inadéquation des locaux pour :

  • Le fonctionnement quotidien des activités de l’exécutif,
  • Le fonctionnement de ses cabinets techniques et politiques,
  • La présentation des lettres de créance par les ambassadeurs,
  • Les réceptions d’apparat,
  • Le fonctionnement du cabinet ministériel et de son secrétariat,
  • Les adresses publiques à la nation,
  • La résidence officielle du Chef de l’Etat,
  • L’accueil de ses homologues étrangers,
  • La représentativité de l’Etat Haïtien,
  • Un lieu d’expression représentatif du pouvoir exécutif,
  • Un lieu de mémoire des chefs d’Etat à travers la salle des bustes,
  • Le service du protocole.

 En définitif, la nation entière souffre de ce déficit d’image dû à l’absence de cette bâtisse représentative qui est destinée à l’exercice du pouvoir exécutif. De ce fait l’ajout d’édifices majeurs dans le centre administratif de Port-au-Prince témoignera d’un souci de marquer la cité d’immeubles à fort caractère emblématique.

 Depuis la naissance de l’urbanité et des sociétés organisées en civilisations et non plus en tribus, les villes ont bâti leur fonctionnement, leur réputation, leur rayonnement sur l’accumulation de monuments bien plus que sur une programmation d’urbanisme. Chaque génération a ajouté sa strate d’édifices et de statues qui témoignaient de l’ancienneté et donc de la réussite de la ville.

L’idée qu’un monument puisse représenter une pérennité culturelle et administrative n’est pas neuve. Cependant ces œuvres disparues étaient l’emblème du centre administratif de Port-au-Prince. Le vocabulaire architectural des bâtiments détruits est l’expression identitaire de l’exercice du pouvoir en Haïti depuis l’émergence de l’Etat Christophien. De ce point de vue, leur disparition possède une valeur symbolique qui nous porte naturellement à le reconstruire si l’opportunité se présente.

Dans ce sens, l’ISPAN salue l’introduction dans le Centre Administratif de Port-au-Prince de ce nouveau bâtiment à caractère classique qu’est la Cour de Cassation. En effet, celui-là s’inscrit en droite ligne des bâtiments administratifs qui s’expriment dans ce langage néo-classique universellement reconnu comme centre de décision.

  • Faire l’orientation stratégique,
  • Informer sur les données architecturales et techniques,-
  • Informer sur les données économiques,
  • Interagir avec la société civile /grand public (Informations / Transparence),
  • Définir une proposition de méthodologie pour l’élaboration et l’aboutissement du Projet de reconstruction du Palais National.

Pour réussir cette mission ponctuelle, les actions suivantes sont proposées en vrac :

  1. La commande de reconstruction selon le programme des besoins exprimés par l’exécutif pour le bâtiment.
  2. Réunir à date régulière les différents partenaires en vue de dynamiser le projet de reconstruction.
  3. Monter et orienter un conseil de fabrique afin de recueillir les différentes propositions des citoyens désireux de s’exprimer sur la reconstruction.
  4. Analyser & proposer les différentes études.
  5. Organiser un concours ouvert aux professionnels de la construction pour analyser les différentes tendances.
  6. Organiser un concours d’étude architecturale.
  7. Organiser un concours d’études d’ingénierie civil / structurel et parasismique.
  8. Organiser un concours de décoration intérieure/peinture/sculpture & ameublement (espace public et privé).
  9. Organiser un concours d’aménagement paysager et de décoration florale (espace public et privé).
  10. Organiser un concours pour l’alimentation en énergie électrique/ courant de ville/ énergie renouvelable/mixte.
  11. Organiser un concours pour les ouvertures /bois type essence/métal/vitre claire/translucide/ vitre trempée.
  12. Organiser la participation des jeunes professionnels dans les processus de décisions techniques et de mise œuvre.
  13. Relations publiques/débats/conférences/choix techniques/doléances.
  14. Rédiger les statuts de fonctionnement interne afin de les soumettre à l’approbation du commanditaire.
  15. Mettre au service du projet des institutions tel que UCLBP, MCC/ISPAN, ENARTS, MTPTC, CNIAH, FDS, GOC, QUYSKEA […].
  16. Proposer le statut de la Commission Présidentielle de reconstruction du Palais National.

A toutes les étapes du projet devront être organisés autour du thème du Palais National et sa reconstruction (Chacune en ce qui le concerne intègrera le projet en fonction de sa spécificité):

  • Travaux de Recherches,
  • Concours en fonction de l’avancement et des besoins
  • Conférences – débats,
  • Expositions,
  • Publications.

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