Port-au-Prince,1874…
Le Parti national prend le pouvoir. Michel Domingue est élu par l’Assemblée constituante le 11 juin. Le nouveau gouvernement prône le développement économique et projette de nombreux projets : la construction d’un nouveau palais national (l’ancien palais des Gouverneurs de la Colonie de Saint-Domingue qui servait de Palais national fut incendié le 19 décembre1869 sous la présidence de Sylvain Salnave) et d’un Panthéon national, la construction de deux lignes de chemins de fer reliant la capitale à Miragôane et à Saint-Marc, la construction de ponts métalliques, la constructions de “marchés en fer” dans les principales villes du pays, acquisition d’équipement de dragage pour le port de Port-au-Prince et celui des Cayes (ville natale du nouveau président), la création d’une banque nationale. Très vite, face à de sévères contraintes financières, le gouvernement du réviser son programme à la baisse. Seules furent réalisées la construction du Panthéon des héros de l’Indépendance et la création de la banque nationale. Cette nouvelle institution avait pour objectif de promouvoir l’investissement privé et surtout assurer l’émission et la mise en circulation de la Gourde, définitivement choisie comme unité monétaire nationale. Au mois de juin 1875, débutent les travaux d’érection d’une structure métallique commandée à la firme américaine Heuvelmann, Haven & Co au lieu dit “La Terrasse” (emplacement actuel de la Cathédrale de Port-au-Prince). La pose de la première pierre a eu lieu le 8 juin 1875 à la cour d’une cérémonie accompagnée de la musique de l’orchestre du Palais National dirigé par Occide Jeanty. En moins de cinq mois, l’édifice est achevé. Selon le journal Le Peuple cité par George Corvington dans Port-au-Prince au cours des ans …“c’est une construction en fer magnifiquement installés. Des bureaux disposés en fer à cheval ornent l’intérieur. Des grillages en fer séparent le personnel d’avec le public qui, par six guichets différents, arrive, dépose ou prend son argent. Les meubles, chaises, fauteuils, divans, bureaux… portent les initiales B.N. D’H.”. De style néoclassique, sa façade est précédée d’un péristyle formé de 6 colonnes d’ordre corinthien à fût cannelé, posé sur des socles. Les colonnes du milieu supportent un entablement surmonté d’un fronton richement orné. Six mois après l’achèvement des travaux, la Banque nationale était encore incapable de réunir le capital nécessaire à l’ouverture de ses portes au public.

Le 15 avril 1876, à la chute du gouvernement, le neveu de Domingue, Septimus Rameau, fait lever l’encaisse métallique de la banque et tente de la faire embarquer sur un navire accosté au port. La population intriguée par ce manège insolite s’accapare des caisses et livre leur contenu au pillage. Le local de la banque est saccagé. La présidence de Domingue n’aura duré que vingt mois. Ainsi s’acheva l’histoire de la première banque nationale d’Haïti. En 1902, on procéda à la dépose pièces par pièces du bâtiment. C’est à l’initiative du père Pouplard, alors curé de la Cathédrale de Port-au-Prince que fut mis en œuvre la récupération des parties métalliques du bâtiment pour être transporté au lieu-dit “Bois-Badère” sur un monticule dominant le Poste-Marchand, pour en faire une petite chapelle. Pour cette transformation de la banque en lieu de culte, Pouplard, aménagea au sommet du monticule, une plate-forme auquel on accède par un escalier monumental de trois volées Poursuivant la métamorphose, il vida l’intérieur de l’édifice de se comptoirs et de ses séparations puis ajouta un clocher muni d’abat-sons au-dessus du fronton. Le chemin le long duquel l’église Saint-Antoine fût construite a été baptisé par la suite le nom de son concepteur (avenue Pouplard).
Le 6 mai eut lieu la cérémonie de pose de la première pierre. Une construction en maçonnerie de briques et de moellon est réalisée pour recevoir les éléments en métal préfabriqués, récupérés de la banque. La grande difficulté fut d’acheminer les lourdes colonnes qui devaient orner la façade de la chapelle. Mais le 13 juillet 1902 eut lieu la bénédiction solennelle de la chapelle dévouée à Saint Antoine de Padoue par monseigneur Conan, évêque de Port-au-Prince, en présence d’un nombre important de fidèles.

L’église a subi de nombreuse transformation depuis son érection en 1902. Ses galeries latérales furent incorporées à l’édifice. Plus tard dans les années 90, le culte antonien ne cessant de s’accroitre au sein de la population, un second corps de bâtiment fut ajouté perpendiculairement au corps principal pour augmenter la capacité d’accueil de l’édifice.
Chaque mardi, une foule considérable se dirige avec ferveur “au pied” de Saint-Antoine pour solliciter ses faveurs.

 

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